J’ai besoin d’écrire. C’est évident. Mais pourquoi écrire pour d’autres que moi ? L’être humain inspiré me fascine. Je m’en imbibe, je m’en gave jusqu’à faire mienne cette histoire de vie pour enfin la réécrire dans le respect de l’être qui a bien voulu me confier son âme, ses désirs, ses réalisations, ses peines et ses joies. Je considère un réel privilège d’entrer dans le monde de l’autre en toute intimité et en toute confiance. J’y ajoute les mots qui dansent et qui représentent cet être unique. Son regard allié à mes perceptions en fait un alliage qui, je l’espère, met en exergue la magie de la vie. C’est ma façon à moi de peindre et de brosser le portrait émotif et concret de ce qui anime un être humain.

Pénétrer l’univers de l’autre c’est un peu comme s’approprier le personnage au théâtre.
J’entre dans une autre vie. J’imagine le quotidien, les émotions, je les ressens et je les écris en espérant avoir touché le cœur de l’être humain qui a bien voulu me confier ses pensées, son âme, ses désirs, ses espoirs, ses joies, ses combats, et ses désillusions.
Cela comble un peu ma soif d’apprendre. Je découvre ainsi ce qui a inspiré des artistes, leur univers onirique. Cela me permet d’effectuer des recherches, de me documenter ce qui élargit davantage mon champ de connaissances. Petite, déjà, j’étais curieuse.
J’aurais voulu pénétrer dans chaque maison pour voir comment vivaient les autres. Leur vie me semblait un mystère.

Comment oser intégrer le fait que j’ai le droit de vivre et de me connecter à ce qui me
procure de la joie ?

La vie peut aussi, enfin, être ce doux murmure de l’eau qui s’écoule au fil du vent, depuis sa source jusqu’au grand fleuve qui nous accueillera tous.
Entraînant sur notre course, limons et autres trésors, nous nous retrouverons, purs et libérés de tout bagage lourd aux confins de l’océan.
Le cycle éternel recommencera. La goutte ’échappant enfin de l’océan ira irriguer les terres voisines, berceaux de sa nouvelle naissance, s’enorgueillant de contribuer à la croissance des plantes. Ou bien choisira-t-elle de s’évaporer dans les nuages qui déverseront leur pluie vivifiante sur les humains en quête d’élixir naturel, de quoi subsister encore un peu.
Joie immense de retrouver cette paix simple. Espoir fou de pouvoir enfin, un jour, envisager de vivre simplement bercée par la mer recueillant les mots qui comme des vagues arrivent sur le rivage dans un ressac infini. Au fil de leur humeur, tantôt douce, effleurant à peine le sable, tantôt rugissante et forte, il faut les attraper avant qu’ils ne s’estompent pour retourner à l’immensité mère, berceau de toute vie.