Je vous avais promis une suite à ma réflexion de mon article précédent. « Lire pour vivre » en vous laissant sur le pénible constat que j’étais en panne de lecture, n’arrivant plus à apprécier les livres. Phénomène inconnu de moi, véritable rat de bibliothèque.
En écoutant l’entrevue d’Auguste Trapenard, l’inspirant animateur de la célèbre et excellente émission « La grande librairie », je me suis reconnue en ce lecteur. À la question : « Qu’est-ce que la littérature vous a le plus appris ? » il répondait : « La condition humaine, les autres mondes, la beauté du mot qui transforme l’ordinaire. La vie. J’étais inadapté. J’ai découvert d’autres mondes, d’autres personnages. Lire m’a aidé à me construire. » Ce fut mon cas. Mon hypersensibilité m’écorchait le cœur, me plongeait dans un univers incompréhensible. Je me sentais comme un poisson dans un bocal, isolée des bruits du monde, ne sachant comment communiquer.

Aujourd’hui, j’avance sur le chemin de ce pénible constat. Incrédule. Les livres ne sont plus, pour le moment, mon exutoire. Alors, en toute humilité, j’ai fait un pas de côté, pour tenter de comprendre. Au fil des jours, se profilaient des mots dans ma tête. Des mots qui revendiquaient, une fois de plus, leur place. L’heure de la construction du moi était révolue. Toutes mes lectures, les conférences, les formations visant à mieux comprendre les méandres de l’âme humaine, m’avaient aidé à débroussailler, à entrevoir, enfin, l’essentiel de ce qui m’habite. Ils avaient cristallisé en moi un espace unique. Le désir d’écrire. Le désir de sonder l’âme humaine, à mon tour et de la transposer en mots pour honorer l ‘« autre ». En quoi était-ce différent de l’irrésistible envie d’écrire vécue il y a 30 ans mais qui ne m’avait pas pour autant empêchée de lire ? Bien sûr, j’ai publié une vingtaine de livres qui, tous, m’ont permis de me délester, de m’accompagner, de découvrir, d’apprendre. Aujourd’hui, l’urgence viscérale d’écrire a pris une autre forme. Celle d’honorer la voix authentique qui s’élève en moi. Cette intuition qui me dicte l’écriture. Ce besoin d’aller vers l’« autre » de façon plus intime pour capter son unicité, son chemin, et le transposer en mots pour l’honorer. Cet appel lancinant se fait pressant. Je ne peux y échapper même si cela exige de moi beaucoup d’humilité, de foi et d’ouverture.
À suivre